CONFÉRENCE-SPECTACLE
AUTOUR DU FILM LA RÈGLE DU JEU, DE JEAN RENOIR
De et avec Elsa Tauveron-Wexler / Durée : 1 heure
Une Coproduction du Théâtre de Rungis
avec la DRAC Île-de-France
ADOLESCENTE J’AI VU LA RÈGLE DU JEU DE JEAN RENOIR (1939)
MON DÉSIR DE COMÉDIENNE ÉTAIT NÉ
QUELQUES ANNÉES PLUS TARD, J’AI EU ENVIE DE CÉLÉBRER CE CHEF-D’OEUVRE.
J’AI DÉCOUVERT UNE RÉSONANCE INTIME ET INATTENDUE AVEC MON HISTOIRE FAMILIALE..
DÉCOR et COSTUME
COLLABORATEURS : DÉCOR Cyril HAMÈS / COSTUME Cidalia da COSTA
LE SPECTACLE A UNE STRUCTURE AUTONOME EN SON ET VIDÉO. IL PEUT SE JOUER DANS UN THÉÂTRE, UNE SALLE DE CINÉMA, UNE ÉCOLE, UNE SALLE MUNICIPALE, UN APPARTEMENT, UN LIEU ATYPIQUE…
DESSINS DES PERSONAGES par KIMIKO KITAMURA
EXTRAIT DU SPECTACLE
Elle mime les personnages à chaque fois qu’elle parle d’eux. Et il apparaissent sur le diaporama au fur et à mesure qu’elle les nomme.
Le héros, c’est André Jurieux, l’aviateur. Il a traversé l’atlantique pour une femme dont il est très amoureux. « Tu comprends, Octave, j’l’aime. Si je n’la revois pas… j’en crèverai ». Cette femme c’est Christine, l’autrichienne. Je l’ai le costume… je peux… Il est vraiment très amoureux et très sincère. J’ai fait une petite légende, amour sincère, c’est le cœur. Elle, elle se laisse un peu séduire, évidemment. Mais du bout des lèvres « Et l’amitié, qu’est-ce que tu en fais? » Elle est autrichienne… Parce qu’elle est mariée à Robert, le marquis de la Chesnaye. Robert, son dada, c’est les poupées mécaniques. « C’est nouveau ça? D’aujourd’hui. C’est une petite négresse romantique. Le mécanisme est intact ».
Robert est juif lui aussi, enfin ils disent métèque dans le film, c’est la même chose… mais on est en 39 on en parle pas… Il est très riche, il a une femme, un château, des terres… et donc une ?… une maîtresse. Sa maîtresse c’est Geneviève. J’adorerais lui ressembler, mais y’a pas plus différente. Elle est élégante, brune, racée… un regard ténébreux, elle fume. Elle est très belle mais aussi très malheureuse…
André, l’aviateur, il a un grand copain, c’est Octave joué par Jean Renoir donc. Octave c’est aussi le frère de lait de Christine. On a mis B pour biberon. Le père de Christine voulait qu’il prenne sa succession en tant que chef d’orchestre et comme gendre aussi d’ailleurs… mais ça s’est pas fait… Parce qu’Octave … « J’crache dans l’eau. C’est la seule chose que j’sois capable de faire dans la vie. »
Un autre acteur important du film, c’est la Collinière, le château de Robert – le marquis de la Chesnaye. C’est l’endroit où tout ce petit monde – ceux-là et bien d’autres – a prévu de se retrouver pour faire une fête et une grande partie de chasse. Antoine, un bon copain spécialiste des langues, m’a dit qu’en anglais, le mot « gaming » veut dire jouer, mais aussi aller à la chasse. The rule of the game… La règle du jeu… (…)
Au château de la Collinière, on découvre qui ? on découvre quoi? Les valets, le petit personnel, les domestiques quoi ! J’ai fait ce trait pour les placer en dessous parce qu’ils sont dans les sous-sols – comme dans Downton Abbey. Ma grand-mère les appelle « la France d’en bas » … très chic ! Enfin dans la mesure où elle dit aussi « Les domestiques c’est ça la punition des riches » ! Très élégant, vraiment… Mamie Andrée…
Alors au château, il y a Lisette la suivante de Christine. Elles s’aiment beaucoup, elles se comprennent. La vie de l’une est plus ou moins le miroir de la vie de l’autre, comme dans la photo qu’on a vue tout à l’heure… Parce que Lisette aussi est mariée, avec Edouard Schumacher. On peut l’appeler « Schuma » comme Christine avec l’accent autrichien. Lisette elle l’appelle « Edouard« . J’ai mis P de « Possession » parce que Edouard est très possessif. C’est SA femme. Il est garde chasse au château de la Collinière, donc au service de Robert le marquis. Quand Edouard – le garde chasse – fait le tour de la propriété avec son chien, il rencontre Robert – le marquis – qui se promène avec sa canne. C’est une chaise pliante cette canne. Edouard lui parle de lapins. Du problème qu’il a avec les lapins. « Maintenant pour la plantation, il faudrait mettre un grillage. Sans ça ils vont tout ronger. /Non. Je ne veux pas de grillage, je veux pas de lapin, débrouillez vous mon ami !/ Bien, Monsieur le Marquis! »
En revanche le marquis, il a un coup de foudre pour Marceau le braconnier, à tel pour qu’il l’engage au château. C’est Carette qui joue Marceau, vous le connaissez ? Il joue dans La Grande illusion… je l’adore, tout le monde l’adore, il est adorable… une bouille… Quand il se fait choper par Edouard avec un lapin, parce qu’il est braconnier, il dit « Bonjour Schumacher, tu vas bien? Tu veux mon lapin ? ». Il se trouve que Edouard il le connait bien, Marceau, parce qu’il le déteste. D’abord braconnier et garde-chasse, ça fait pas bon ménage. Et dès qu’il se fait engager au château, Marceau court après Lisette, la femme à Edouard, qui n’est pas indifférente… Alors là c’est la haine totale !
Enfin le dernier personnage que j’ai dessiné, c’est un des invités de la grande fête : St Aubin ! Riche, très élégant, la France d’en haut quoi…Il courtise aussi Christine. Christine est déjà courtisée par Octave l’ours et par André l’aviateur. Et comme dans la vie il y a une règle absurde qui dit que tout le monde désire ce que tout le monde désire; Robert le marquis, qui avait un peu perdu l’intérêt pour sa femme, ça réveille son désir pour elle. Puisque tout le monde la veut, il la reveut. Alors Robert délaisse Geneviève qui en devient très belle mais très malheureuse… Donc elle (montrant Geneviève) lui court après Partons ensemble Robert, il (Robert vers Christine) lui court après « Ma femme, vous n’avez pas vu ma femme?« , ils (Octave et André) lui courent après « Mais Christine à disparu? / Ce soir Christine a disparu!« , et en bas aussi ils se courent après « Lisette / Marceau! Crapule! / Edouard! / Crapule! / Edouard! ». Robert le marquis intervient « Schumacher je vous ordonne de vous arrêter! ». Mais il s’arrête pas. « J’te tuerai crapule/ Edouard! ». PAN! « C’est une balle? / Une balle. C’est une balle de révolver! ». PAN! « Encore une attraction? Oh non ils exagèrent! / Point trop n’en faut! ». Le marquis ordonne au majordome « Corneille faîtes cesser cette comédie! Laquelle Monsieur le marquis? Quoi… laquelle? Celle de Schumacher et compagnie! Ah! Bien, monsieur le Marquis ». Et comme dans Les caprices de Marianne : PAN! Y en a un qui meurt… « Il a boulé comme une bête, quand on est à la chasse »…
ÉQUIPE
Elsa TAUVERON : écriture et jeu
Suzanne MARROT, Nicolas GAUDARD, Zohar WEXLER, Kimiko KITAMURA : collaborateurs artistiques
Captation à l’EUROPÉEN (1H) par Delphine de Blic
Mai 2021